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L'aube noire
L’aube noire
L’aube agonisante est brumeuse, drapée de crêpe noir.
Elle couvre l’horizon d’une ombre nostalgique de la nuit qui s’enfuit…
L’air méphitique, asphyxié de carbone, s’appesantit de scories que vomissent déjà des volutes infâmes, quand la pointe du jour n’a pas même achevé son avènement.
Les toits mornes, enlaidis d’humidité, s’étalent en cortèges de râteaux métalliques qui labourent et oxydent un ciel asthénique sans jamais ensemencer ici quelque fleur suave, quelque fruit délectable.
L’ondée maussade invite à la mélancolie !
Où donc est l’océan sauvage et capricieux ?
Loin, bien loin de cet étouffant édredon de grisaille qu’étire à l’infini la ville besogneuse, dans son tintamarre de moteurs grognants et nauséabonds, de klaxons incessants, d’urgences innombrables, d’autobus et de métros pressés !
L’océan…
Je l’imagine aimable et caressant, apaisé du cri de l’oiseau marin, heureux du souffle d’un vent léger sur l’oyat souple et docile, amoureux de l’ocre d’un soleil naissant.
Ou bien s’éveille-t-il dévastateur et dominant à l’assaut du rivage, écume rageuse sur la dune, fracas assourdissant sur le rocher de granit insensé d’orgueil et d’arrogance?
Quelle humeur salée baigne l’estran de mon enfance, quand apparaît ici un matin livide, triste et désespéré et que je commence à peine à rêver ?
Hz
Flamme d’or 2017, décernée par Flammes Vives.
Prix du comte de Lautréamont, Prose poétique.
Tags : presqu'ile, crozon, tempête, hanternoz, coué
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